Chicane de couple vs violence conjugale
Parfois, suite à une situation que nous avons vécue avec notre conjoint ou observée chez une femme de notre entourage, nous hésitons à savoir si nous sommes en présence d’une situation de violence conjugale. S’agit-il d’une chicane de couple?
 
Nous voulons aider, mais il arrive que nous hésitions à agir de peur qu’une intervention mal adaptée soit mal reçue ou ne mette encore plus à risque la victime. Pour nous outiller à reconnaître la violence conjugale, voyons les différences entre celle-ci et la chicane de couple.
 
 
Qu’est-ce que la violence conjugale?
 
La violence conjugale est un processus de domination conjugale dans lequel un conjoint tente d’obtenir le contrôle sur sa victime. La violence ainsi exercée par le conjoint a pour but d’amener la femme à se soumettre à lui, à limiter ses activités, à modifier ses comportements, à réduire son pouvoir personnel et à la priver de sa liberté. L’agresseur de la victime peut être tant son conjoint, ex-conjoint, son «chum» ou un ami intime. Le rapport inégalitaire entre la femme et l’homme, permet à celui-ci de préserver ses privilèges tout en évitant la justice.
 
 
Et qu’en est-il de la chicane de couple?
 
La chicane de couple, quant à elle, fait suite à des désaccords concernant habituellement un sujet. Dans le vif des chicanes, les conjoints peuvent s’exprimer par des gestes agressifs, des insultes, des cris ou par de longs silences, etc. Malgré la charge agressive présente dans cette situation, les deux partenaires «égaux», tentent de se faire entendre et veulent gagner sur la situation. Contrairement à la violence conjugale, l’intention ici n’est pas d’affaiblir, de paralyser ou d’exercer un contrôle sur l’autre.
 
Des définissions nous aident certes à comprendre, mais les situations devant lesquelles nous nous retrouvons sont parfois complexes à démêler. Ainsi, dans les situations où vous doutez ou si vous vous questionnez sur la violence que vous ou une proche vivez, vos réponses au questionnaire ci-dessous pourraient vous éclairer.
 
 
La violence conjugale en quelques questions[1] :
 
  • Y a-t-il chez le conjoint la volonté de gagner du pouvoir sur sa conjointe?
    (Ex : limiter ses allées et venues, lui imposer une relation sexuelle, choisir le lieu de la résidence, etc.)
  • Y a-t-il des mécanismes de défense qui peuvent être observés chez la victime?
    (Ex : banaliser les gestes de violence posés par le conjoint, s’attribuer le blâme, adopter des comportements de légitime défense, modifier ses actions pour «acheter la paix», etc.)
  • Y a-t-il chez l’agresseur la volonté de conserver les privilèges obtenus grâce au contrôle exercé ou y a-t-il des pertes de privilèges qui sont à l’origine de l’épisode de violence?
    (Ex : le conjoint fait des menaces suite à l’annonce d’une séparation, il y a rapprochement dans le temps entre les épisodes de violence suite à un retour aux études, etc.)
  • Y a-t-il des moyens mis en place pour récupérer la victime?
    (Ex : le conjoint fait des excuses, offre des cadeaux, promet des choses qu’il a toujours refusées, etc.)
  • Et enfin, qui vit les conséquences physiques, morales, affectives ou économiques de cette situation? Qui est blessée, humiliée, appauvrie, isolée de sa famille?
Au-delà de ces questions, rappelons que lorsque l’on vit avec un sentiment de peur ou de doute, c’est déjà une bonne raison de prendre contact avec une intervenante de la Maison L’Esther.
 
 
Document inspiré d’une chronique parue dans le cadre du Projet de promotion et de prévention des Maisons d’hébergement de Laval.
 
[1] PRUD’HOMME, D., Violence conjugale vs chicane de couple, 2006

 
 
 
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